Nos villes ne sont pas de simples jungles de béton. Chaque brin d'herbe, chaque arbre, chaque étang, chaque lac et chaque motte de terre forment ensemble une infrastructure vitale.

Les villes doivent s'engager à comprendre et à quantifier cette infrastructure naturelle et apprendre à l'améliorer.

Cela est plus important que jamais, car les villes sont de plus en plus menacées par le changement climatique, notamment par les fortes précipitations et les épisodes de chaleur extrême. Selon le GIEC, 44 % de tous les "événements catastrophiques" survenus sur terre sont liés à des inondations, et 700 millions de personnes vivent dans des régions où les précipitations journalières maximales ont augmenté.

C'est la raison pour laquelle nous avons produit notre " Global Sponge Cities Snapshot" : pour que les gens parlent de la façon dont nous pouvons aller au-delà des solutions concrètes, alors que nous aidons les villes à faire face à des précipitations de plus en plus fortes et à d'autres impacts du changement climatique.

Les arguments en faveur de solutions basées sur la nature

Le terme "ville éponge" a été inventé en 2013 par le professeur Kongjian Yu de l'université de Pékin, pour décrire les villes qui travaillent avec la nature pour absorber l'eau de pluie, au lieu d'utiliser le béton pour l'évacuer.

L'infrastructure naturelle est non seulement extrêmement efficace pour gérer les eaux d'inondation, mais elle apporte également des avantages bien plus importants que l'infrastructure "grise" traditionnelle et peut contribuer positivement à la biodiversité et à la réduction du carbone.

Si les villes ont une qualité naturelle d'"éponge", il s'agit d'une capacité d'absorption de base qui peut être améliorée par des interventions.

Notre enquête n'a pas pour but d'établir une carte de pointage, mais de montrer aux villes comment elles peuvent utiliser des outils numériques pour établir rapidement une bien meilleure compréhension de leurs atouts naturels. Même les villes les plus "spongieuses" peuvent améliorer leur capacité d'absorption et travailler avec la nature pour offrir une résilience maximale.

Les solutions fondées sur la nature peuvent également être appliquées à toute une série de problèmes liés au changement climatique, tels que les chaleurs extrêmes et les sécheresses. Alors qu'elles étaient auparavant considérées comme plus difficiles à mettre en œuvre et d'un coût prohibitif, les outils numériques avancés ont changé la donne.

Comment nous avons évalué la "spongiosité" des villes

Nous avons examiné sept villes du monde entier présentant des profils urbains différents, de la très dense Mumbai à Auckland, connue pour ses généreux parcs publics. Chaque ville a reçu une note de "spongiosité" basée sur trois facteurs principaux : la quantité d'espaces verts et bleus dans l'environnement urbain, les propriétés hydrogéologiques du sol de chaque ville et le potentiel de ruissellement de l'eau dans les espaces verts.

1. Utilisation de Terrain pour mesurer la quantité d'espaces verts et bleus

Terrain : notre outil d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique aide les villes à comprendre rapidement comment les terres sont utilisées. Il exploite la puissance de l'analyse des données, de l'apprentissage automatique et de l'automatisation pour analyser avec précision de grandes quantités de données et d'images satellite - et est 80 % plus rapide qu'une approche manuelle.

Pour cette étude, nous avons utilisé Terrain pour calculer la quantité de zones vertes et bleues sur environ 150 kilomètres carrés de clichés des centres urbains d'Auckland, Londres, Mumbai, Nairobi, New York, Shanghai et Singapour.

2. Prise en compte des types de sol

Une fois que nous avons obtenu le pourcentage d'espaces bleus, verts et gris pour chaque ville, nous avons utilisé une base de données mondiale de groupes de sols hydrologiques pour calculer la quantité de chaque grand type de sol hydrologique dans chaque ville.

Les types de sols ont un impact significatif sur la quantité d'eau qui s'écoule et donc sur la spongiosité d'une ville. Cela peut être dû au type et à la texture du sol - par exemple, les sols sableux sont plus "spongieux" que les sols argileux - ainsi qu'à la profondeur du sol et à la profondeur de la nappe phréatique - par exemple, une nappe phréatique proche de la surface réduit la capacité d'épongeage du sol.

3. Calculer le potentiel de ruissellement des espaces verts

Une fois l'impact du type de sol pris en compte, nous avons utilisé la méthode des nombres de courbes - une technique simple et largement utilisée - pour calculer la quantité d'eau de ruissellement à partir d'un événement pluvieux défini. Imaginez que la pluie tombe sur une surface : soit elle est absorbée ou "stockée" dans le sol, soit elle se dirige lentement vers les masses d'eau. Sinon, elle ruisselle sur le sol et contribue à l'écoulement des eaux pluviales et aux inondations potentielles.

La quantité de ruissellement dépend de la couverture végétale, qu'il s'agisse d'un espace ouvert recouvert d'herbe ou d'arbres. Elle varie également en fonction de la quantité de pluie. Pour nos calculs, nous avons donc pris en compte le potentiel de ruissellement pour 50 mm de pluie tombant en une journée.

Nous espérons que cet instantané ouvrira la voie à une conversation et permettra aux gens de comprendre et de croire que des solutions d'infrastructure basées sur la nature peuvent être déployées, pour des villes plus résilientes, plus propres, plus saines et plus heureuses.